On lâche rien : Les Gilets Roses
Une nouvelle thématique qui reviendra sur les combats citoyens toujours en cours, dont nous avons déjà parler et qu'il convient de remettre en valeur, vu le peu d'avancer et, ou, d'exposition médiatique. Nous débutons aujourd'hui avec le combat des Gilets Roses ( les assistant(e)s maternel(le)s) contre la réforme du cumul emploi-chômage.
Nous suivons et soutenons les assistant(e)s maternel(le)s depuis un long moment déjà, et nous leur avons déjà consacré plusieurs articles, qui leur donnaient directement et librement la parole, Notamment à Carole Fontaine, référente du collectif des assistants maternels du 27 et 76 et membre du Collectif des Assistants Maternels En Colère « Gilets Roses », mais aussi Claudy E., Christelle M...
Aujourd'hui nous allons faire le point sur les avancées de leur combat contre la réforme du cumul emploi-chômage, mais avant, commençons par un bref rappel des faits.
Pourquoi le mouvement des "Gilets Roses" est né ?
Pour comprendre les raisons de la colère et des craintes des gilets Roses, nous vous proposons un document que nous avions déjà communiqué, mais cette fois-ci au format PDF, la lettre ouverte du Collectif des Assistants Maternels En Colère, « Gilets Roses » et du Collectif des Assistants Maternels du 27 et 76, cette lettre date du 18 mars 2019, et permet de tout comprendre.
Pour résumer, tout part du processus de renégociation de la convention UNEDIC voulu par le gouvernement, qui entend imposer plus de 3 milliards d'économie aux partenaires sociaux. Pour réaliser ces économies, la réforme du cumul emploi-chômage est au cœur du projet et cette réforme vise à diminuer drastiquement les indemnités chômage en cas de perte de contrat. Hors, en ce qui concerne le métier d'assistant maternel, il y a forcément des périodes de recherche d'enfant à garder, que ce soit parce que les familles déménagent, que les enfants grandissent etc... alors qu'il est déjà difficile pour ces professionnels de la petite enfance de joindre les deux bouts, malgré des horaires à rallonge, on comprend leur inquiétude !
En plus de la lettre ouverte en PDF ci-dessous, vous pouvez allez faire un tour dans nos précédents articles sur le sujet :
- 24 janvier 2019 Les assistant(e)s maternel(le)s plus mobilisé(e)s que jamais.
- 04 mars 2019 Gilets Roses : Les assistantes maternelles en colère se rassemblent le 09 mars
- 22 mars 2019 Parole de citoyen(ne)s (2) : Les Gilets Roses (assistant-e-s maternel-le-s)
- 11 avril 2019 Pour les Gilets Roses, le combat continue
Ce qu'il en est à la veille de la rentrée
Grâce au travail des Gilets Roses certains points ont pu êtres clarifiés et sécurisés : La reforme ne touchera finalement pas au régime des « activités conservées », le dispositif permettant aux salariés ayant plusieurs employeurs, notamment les assistants maternels, de pouvoir obtenir une indemnisation partielle lorsqu’ils perdent un de leurs employeur.
Voila pour le positif, mais quand on se plonge plus en détail dans ce qui a été validé de la réforme (qui doit entrer en vigueur en novembre 2019 pour certains points et avril 2020 pour les autres), nous nous rendons compte que de nombreux points sont plutôt inquiétants quand à l'avenir de ce genre de professions multi-employeurs.
- Les conditions de durée d'affiliation sont durcies
Pour prétendre à une allocation-chômage, il faudra désormais avoir travaillé 130 jours (ou 910 heures) au cours des 24 derniers mois (36 mois pour les plus de 53 ans), contre 88 jours (ou 610 heures) au cours des 28 derniers mois auparavant. Notons que ce durcissement ne devrait lui, pas trop impacter les assistants maternels, qui travaillent bien plus en général, même avec des pertes de contrats... mais pour d'autres.... et pour les assistants maternels dont c'est la première inscription suite à la perte d'un "petit contrat" (un enfant gardé moins de 8 heures par semaine) cela peut être juste.
- Le calcul de l'allocation modifié avec des pertes évidentes !
Le calcul du montant de l'indemnité a été complétement revu. Dorénavant pour calculer le salaire journalier de référence, sera pris en compte l'ensemble des journées, qu'elles soient travaillées ou non... incluses dans la période d'affiliation.
Pour un gain de 80 euros par jour, en travaillant un jour sur deux, le salaire journalier de référence sera de 40 euros, contre 80 avec l'ancien système. Et les assistants maternels seront vraiment touchés : Imaginons la perte d'un contrat pour un enfant qui était 9 heures par jour sur 4 jours avec son assistant maternel, sachant que le montant horaire minimum par enfant d'environ trois euros, le salaire issu de cet enfant sera de 486 euros, ce qui était jusqu'à présent la base de calcul, avec la nouvelle méthode et donc 4 jours travaillés sur 7 pour cet enfant la base de calcul sera maintenant de 277.71 euros... Une sacrée différence !
- Les hauts revenus verront leurs allocations devenir dégressives
Une mesure qui ne touchera pas les assistants maternels qui ne gagnent jamais, sauf exception le montant requis pour cette baisse, mais nous tenions à vous la présenter tout de même : Après 6 mois d’indemnisation, les personnes dont les revenus étaient supérieurs à 4500 euros brut (environ 3460 euros net), et qui auront moins de 57 ans au moment de l'inscription à Pôle Emploi, verront leur allocation réduite de 30%. Voyons l'impact concret de la mesure : L’indemnité journalière perçu était auparavant de 84.33 pour ces revenus, soit une indemnité mensuelle de 2530 euros environ, voyons ce qu'implique le nouveau calcul des indemnités dont nous parlions juste au dessus et fait sur les jours travaillés et non la totalité de la semaine, imaginons donc que la personne travaillait 5 jours par semaine soit en moyenne 21 jours par mois, elle touchera maintenant 1770.93 euros et une fois les 30% perdus 1239.65 euros, la encore la perte est énorme (2530 euros à 1239.65) !
- Des droits rechargeables réduits...
Pour celles et ceux qui alternent travail et chômage pourront certes continuer à recharger leurs "droits Unédic", mais les conditions se durcissent : Pour bénéficier du rechargement, il faudra maintenant travailler minimum 130 jours (ou 910 heures) pendant les 24 derniers mois, comme pour une nouvelle inscription contre... 150 heures auparavant ! La aussi l'impact peut être important pour un métier tel qu'assistant maternel, prenons l'exemple de la perte d'un "petit" contrat avec un enfant gardé 8 heures par semaine pendant les 24 derniers mois, l'enfant aura donc été gardé 864 heures soit pas assez pour renouveler les droits ! Ce qui va forcément pousser les assistants maternels à refuser de plus en plus ces petits contrats... et rendre plus difficile la recherche pour les parents-employeurs concernés..
La suite pour le mouvement des Gilets Roses
Nous l'avons vu, les raisons de s'inquiéter sont plus que jamais nombreuses pour les assistant(e)s maternel(le)s, il est donc à prévoir une rentrée chargée en manifestations, alertes citoyennes et politiques, relais auprès des députés etc....
Nous constatons que c'est sans doute le moment où le mouvement à le plus besoin d'un relais et d'un soutien auprès des citoyens, d'autant que nous sommes toutes et tous concerné(e)s et susceptible d'avoir besoin de ces professionnels de la petite enfance.
Il est important de préciser que tous les changements dont nous avons parler plus haut, sont validés par décret du 28 juillet 2019 et que la suite s'annonce donc compliqué car un décret peut être contesté par un tiers dans les deux mois suivant sa parution au journal officiel, ce qui ne laisse que jusqu'à fin septembre pour agir sur ce point. Une autre possibilité serait de le modifier ou l'abroger purement et simplement, et la, le travail qu'il reste à faire auprès des citoyens et des politiques est très important.
Pour suivre l'actualité du mouvement faites un tour sur Facebook :
La page générale : https://www.facebook.com/Assistants-maternels-en-col%C3%A8re-Gilets-roses
Le groupe général : https://www.facebook.com/groups/1942189282544547
Le groupe du 76 et du 27 : https://www.facebook.com/groups/554212238420728